Le DG de la BVMAC parle des perspectives après la transition de la BVMAC avec le magazine Jeune Afrique Business +
« Nous invitons IFC, AFD, etc., à soutenir les PME avec des émissions d’emprunts obligataires en monnaie locale » Jean-Claude Ngbwa, DG BVMAC
Dix mois mois après la transposition de la BVMAC au Cameroun, la Bourse d’Afrique centrale est aujourd’hui sur les rails pour enclencher les politiques d’entrée en Bourse des entreprises. Si la crise du coronavirus retarde le processus, tout n’est qu’une question de temps, estime Jean-Claude Ngbwa. Malgré la nouveauté de la BVMAC et les conditions de transparence requises, il ne doute pas de l’attrait des entreprises pour la Bourse, et assure que la BVMAC est un outil indispensable d’intégration sous-régionale.
Notre principal objectif reste le renforcement de notre compartiment «actions» par l’arrivée de nouvelles entreprises à la cote permanente de la BVMAC. Car une Bourse régionale unifiée, plus dynamique, plus liquide, est indispensable pour l’intégration financière de notre sous-région, et participe au renforcement du tissu économique régional. Pour l’instant, seules quatre entreprises sont cotées, et nous disposons d’une douzaine d’obligations des États de la Cemac, mais aussi de certaines sociétés privées. Nous avons déjà rencontré plusieurs chefs d’entreprise pour leur présenter les activités de la Bourse, et nous espérons aujourd’hui des actions concrètes. Avant la crise sanitaire du Covid-19, trois sociétés équato-guinéennes étaient annoncées pour une introduction en Bourse, Avant la crise sanitaire du Covid-19, trois sociétés équato-guinéennes étaient annoncées pour une introduction en Bourse [comme révélé par Jeune Afrique Business+ le 11 mars dernier]. Nous comptons relancer les contacts avec les autorités de ce pays dès que les conditions le permettront. En octobre 2017, au moment de la décision d’unifier les deux Bourses, les chefs d’État de la Cemac ont décidé de certaines mesures pour dynamiser la Bourse. Il s’agit de la cession partielle ou totale des participations des États dans les entreprises publiques, parapubliques ou privées, mais aussi de la création d’un cadre réglementaire pour rendre obligatoire l’introduction à la cote de la BVMAC des actions de nombreuses sociétés. On parle de celles assurant la collecte de l’épargne publique (banques, assurances, etc.), des multinationales ou de leurs filiales implantées dans la sous-région, ainsi que de certaines sociétés des secteurs stratégiques. Enfin, a été décidé par les États une prise de participation dans le capital social de la BVMAC à concurrence de 30 %, dont 5 % par État membre. Bien entendu, toutes les normes de transparence internationales pour l’introduction en Bourse des sociétés devront être remplies. Nous insistons sur les rôles des commissaires aux comptes et des agences de notation (agréés par le régulateur, la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), basée à Libreville).
La plupart des sociétés concernées sont déjà cotées sur d’autres marchés financiers. C’est le cas des multinationales, de certaines banques ou des sociétés d’assurances appartenant à des groupes financiers internationaux. Et mieux encore, par le passé, certaines sociétés exigeaient déjà la création d’un marché financier unifié en Afrique centrale pour y développer leurs activités. Je souligne que ces introductions en Bourse se feront parallèlement à l’octroi d’avantages fiscaux au profit des entreprises cotées à la BVMAC. La mise en œuvre de ces mesures, le moment venu, va nécessiter une large campagne de sensibilisation pour informer, convaincre, former et obtenir l’adhésion des sociétés. Pour les entreprises nationales, dont le capital social est souvent détenu au sein de grandes familles, l’introduction en Bourse offre l’occasion de pérenniser leur activité, sans en perdre le contrôle. Elle assurera aussi la crédibilité, le prestige, la notoriété et la visibilité de l’image de marque, nécessaires pour leurs développements.
Aujourd’hui, la première phase, à savoir la fusion physique et institutionnelle, est achevée. Le processus a commencé le 31 octobre 2017, moment de la décision d’unification du marché financier par les chefs d’État de la Cemac. La fusion-absorption du Douala Stock Exchange (DSX) par la BVMAC est intervenue le 4 juillet 2019, à Douala, lors de l’assemblée générale constitutive. Le transfert du Gabon au Cameroun des équipements – dont la plateforme de cotation – et des ressources humaines, a donc été réalisé. De nouveaux recrutements des personnels sont prévus pour compléter l’effectif déjà en place. En ce qui me concerne, mon mandat, consacré à la mise en place des structures de la Bourse régionale unifiée, prendra fin en décembre 2020. Les opérations de cotation se déroulent les lundis, mercredis et vendredis, de 9 heures à 11 heures, à travers la plateforme NSC.V900 acquise auprès d’Euronext. Nous pouvons aussi effectuer des cotations à distance, pour faciliter les interventions des sociétés de bourse qui opèrent à partir de leurs bureaux, depuis leurs pays respectifs. A ce propos, la COSUMAF vient d’agréer onze sociétés de bourses pour assurer les négociations des opérations boursières, dans l’ensemble de la CEMAC.
Les Etats et les entreprises vont trouver, sur le marché financier régional, les possibilités de financer les investissements à fortes valeurs ajoutées, pour contrer l’impact de la crise économique, à travers les émissions d’emprunts obligataires, nationales ou communautaires.
La Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) a été sollicitée pour lever davantage de fonds sur le marché financier régional, pour financer l’important programme de développement de projets structurants communautaires. Nous invitons aussi nos partenaires multilatéraux – tels que la Société financière internationale (de la Banque mondiale) et l’Agence française de développement (AFD) – à soutenir, comme par le passé, les petites et moyennes entreprises (PME) de la CEMAC, avec des émissions d’emprunts obligataires en monnaie locale. Cela permet de favoriser la croissance des PME en ces moments particulièrement difficiles. Pour mémoire, toutes les émissions d’emprunts obligataires sur le marché des capitaux régional ont toujours fait l’objet d’une sursouscription – c’est-à-dire que le montant sollicité a régulièrement été largement dépassé. C’est un signe de l’appétence des investisseurs sur les produits financiers proposés, et surtout de l’importance des liquidités détenues par les ménages dans la sous-région.
Interview réalisée par Jeune Afrique Business +
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